jeudi 16 octobre 2008

Crises : tous coupables, tous cupides ?

La crise financière est d’une violence inouïe. Certains dirigeants de banque irresponsables ont accumulé des créances pourries, hypnotisés par l’appât du profit à court terme et des bonus considérables qui en résultaient. Deux mille milliards de dollars, c’est le total des commissions et profits générés par les crédits immobiliers en quelques années aux Etats-Unis…Cet énorme stock de créances dévaluées a précipité la chute de Lehman Brother, de Merril Lynch, de Fortis, d’Hypobank…Et surtout a crée une défiance générale des banques entre elles, une peur de la faillite du voisin, et par conséquent un assèchement des liquidités… L’un des rouages principaux de l’économie, le crédit aux entreprises, s’est tari…

Mais si les banquiers ont le dos large et leur part de responsabilité, il ne faut pas leur faire porter le chapeau. Le court termisme, la « cupidité », ont été exacerbés chez les banques, mais on les retrouve dans l’économie réelle. Des entreprises très nombreuses, des grands distributeurs aux grands monopoles naturels, des géants de l’agro alimentaire aux big pharmas, ont spéculé sur la faible élasticité des prix à court terme pour augmenter leurs prix plus que de raison. Certaines ont tenté de camoufler leurs hausses de prix sous des baisses de quantités ou de valeur, mais toutes ont pêché…

L’état lui aussi s’est révélé d’un court termisme pitoyable. Les Etats-Unis ont financé par des déficits massifs les réductions des impôts des riches, une guerre inutile et illégale, et 700 milliards par an de dépenses militaires improductives. Ils doivent 7000 milliards de dollars au reste du monde. La France a combiné largesses démagogiques et baisses d’impôts sans qu’un effort sérieux de réduction des dépenses soit engagé, abordant ainsi la crise sans réserves et avec un déficit et une dette inacceptable. En France toujours, le laxisme de l’état, a été accentué par celui des collectivités locales, promptes au recrutement clientélistes et aux investissements de prestige, combinant hausses des impôts locaux- y compris à Paris- et endettement sans frein.

Tous cupides…Aujourd’hui, nous payons leur aveuglement. La crise de l’économie réelle qui s’annonce a été accentuée par la crise financière mais créée par la cupidité de tous. Les rouages de la récession brutale qui s’annonce viennent non des banques mais de la combinaison du court termisme de tous les acteurs.

Car si l’élasticité au prix est faible à court terme, elle est plus élevée à long terme, les clients ont le temps de comprendre …et de réagir en diminuant leur consommation ou en substituant des produits peu cher aux produits trop chers. C’est ainsi que les hard discounters ont prospéré sur la faute des hyper, que même les achats alimentaires baissent en France.

La surchauffe de croissance due à la folie de la dette et des déficits à court terme a fait s’envoler les cours des matières premières. Les entreprises industrielles ou de service, en abusant de leur pouvoir de prix, ont encore plus sapé le pouvoir d’achat des ménages. La crise de liquidité et la défiance des banques attaquent le crédit immobilier et les prêts à la consommation. Le prix des actifs et la valeur de l’épargne baissent. L’inquiétude est à son comble et devient de la panique. Le cumul de ces facteurs va freiner massivement la consommation, d’autant que beaucoup de produits sont sans réelle valeur pour le client. On peut garder une voiture un an de plus, décaler l’achat d’un costume, manger un yaourt nature de marque de distributeur plutôt qu’un Actimel de Danone…

Parallèlement, l’assèchement du crédit aux entreprises couplé aux anticipations de ralentissement économique conduit tout droit à un arrêt de l’investissement.

Et l’état et les collectivités locales, sur déficitaires et endettés, ne peuvent s’amuser ni à creuser leurs déficits ni à augmenter des prélèvements obligatoires déjà insupportables dans beaucoup de pays dont la France.
Les moteurs de la croissance sont ainsi devenus des freins. La récession va être brutale, la purge sévère, avec un enchaînement des trimestres en décroissance. Le découplage de l’économie financière et de l’économie réelle est un mythe. Et les pays émergents, dont la croissance était couplée à la nôtre grâce à la mondialisation, vont eux aussi s’arrêter net. Le monde sera en récession en 2009, année horribilis.

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