vendredi 29 janvier 2010

les vautours sont de retour (2)



Les Vautours sont de retour ou Blanc bonnet et bonnet blanc

La stratégie et les modèles des banques sont les même des deux côtés de l’Atlantique.

La finance Anglo-Saxonne est devenue un organisme parasitaire du corps économique. Les bonus gigantesques et « ignobles » (d’après Barack Obama) ne sont qu’un symptôme d’un mal beaucoup plus profond. Ce n'est que le morceau que prélève le management des banques sur une rente colossale et illégitime :

Dans ses métiers traditionnels, qui consistent à gérer l’épargne et prêter à bon escient, la finance Anglo-Saxonne a adopté une stratégie de rapace. Son objectif est d’extraire une rente maximum des ménages, des collectivités et des entreprises, sans délivrer en contrepartie de réelle valeur.
Quelques exemples : pour la simple gestion des comptes bancaires, une série de chausses trappes et de facturations abusives ont permis de multiplier par deux les frais de gestion en quelques années ; les sociétés de carte de crédit et de prêts à la consommation grâce au jeu d’intérêts exorbitants et de pénalités abusives, parviennent à extorquer l’équivalents d’intérêts de 40 % ou plus à leurs clients ; les prêts aux collectivités territoriale sont été réalisés des conditions exorbitantes camouflées sous forme de lignes illisibles dans des contrats interminables.

Les banques et les organismes financiers Anglo-Saxons pratiquent systématiquement la stratégie de la sur promesse, qui consiste à enfler les avantages et à camoufler les risques ou les coûts d’une opération financière, et la stratégie de la prédation, qui consiste à abuser d’une position de force pour maximiser sa rente, par exemple par des empilements de commissions discrètes. La finance Anglo-Saxonne cible d’ailleurs les clients les plus vulnérables, les plus faciles à berner avec des produits complexes, comme les pauvres ou les collectivités publiques, premières victimes de la crise des subprimes et des produits dérivés« exotiques ».

La finance Anglo-Saxonne s’est développée dans de nouveaux métiers dont la caractéristique est d’être très rémunérateurs sans créer de valeur, voire en détruisant de la valeur pour la collectivité. Par exemple le trading, mélange d’arbitrage et de spéculation, qui permets des profits considérables tout en fragilisant le système financier. Les produits dérivés ou exotiques, comme les Credit Default Swap (CDS), qui permettent d’encaisser des commissions importantes tout en déresponsabilisant les prêteurs. La titrisation, qui permet de refiler le risque à d’autres tout en gardant les profits. L’industrialisation du délit d’initiés par les banques qui sont à la fois gérant de portefeuille et analystes financiers.

Les deux caractéristiques de ces nouveaux métiers sont l’empilement de commissions dues quelle que soit la performance, les gains considérables sans création de valeur et l’absence de sanction financière directe en cas de contre performance : pile je gagne, face tu perds.

La finance Anglo-Saxonne prends des risques considérables à court terme, engrange des profits tout aussi considérable, et quand l’heure du jugement sonne et que surviennent des pertes abyssales, résultat direct de sa prise de risque inconsidéré et contrepartie naturelle des profits absurdes qu’elle a encaissé, se tourne en mendiant ou en imprécateur vers l’état, c'est-à-dire vers les contribuables, pour lui demander de boucher les trous qu’elle a creusé, en invoquant la nécessité d’éviter un risque systémique…qu’elle a créé. Privatisation des profits, socialisation des pertes. C’est ainsi que Goldman Sachs a réussi à convaincre l’état américain de renflouer à hauteur de 120 Milliards de dollars l’assureur AIG, roi des produits dérivés et de la titrisation, pour lui éviter la faillite et surtout …éviter à Goldman Sachs de perdre plusieurs dizaines de milliards de dollars… Dans ces grandes opérations de renflouement, personne ne demande jamais, bien sûr, aux institutions financières de rembourser les profits indus du passé. Il ne faut pas désespérer Wall Street.

Résultat : la finance est devenue un gigantesque parasite des économies Anglo-Saxonnes, captant une rente considérable au détriment du reste de l’économie que loin de consolider, elle affaiblit dramatiquement. Le management s’approprie une partie de cette rente : les bonus 2009 reçus pas les dirigeants et les cadres des banques américaines devraient approcher les 150 milliards de dollars ! Parallèlement, un chômage destructeur, lié aux erreurs des mêmes banques, s’installe dans tous les pays développés. L’autorité publique de transport de Detroit a du licencier une centaine de conducteur de bus pour payer les pénalités exorbitantes d’emprunts exotiques contractés auprès d’UBS ou de Goldman Sachs, pénalités qui ont permis de donner plusieurs millions de dollars de bonus à quelques dirigeants . Trois super bonus contre cent emplois détruits : quel deal !

En 2007 les profits de la finance américaine ont représentés 40% du total des profits de toutes les entreprises du pays, et 40% des diplômés de la Harvard Business School ont choisi la finance, alors qu’un pourcentage « normal » serait compris entre 5 et 10%...

Mais la finance française, contrairement à ce que penses Nicolas Sarkozy, a adopté avec délices le modèle anglo-saxon. Les bonus sont moins obscènes mais le mal est aussi profond.

Les banques françaises, par exemple à travers leurs filiales de crédit à la consommation, se comportent comme des prédateurs à l’anglo-saxonne. L’alourdissement des frais bancaires et la transformation des employés de banque en machines à maximiser les prélèvements aux clients est une triste réalité. Dexia et Natixis, comme Goldman Sachs et UBS, ont fait des prêts toxiques à des collectivités territoriales françaises, plombant les comptes de villes ou de conseils généraux…Les banques françaises pratiquent ainsi allégrement la sur promesse et le captage de rente, même si elles montrent parfois plus de retenues que leurs consœurs anglo-saxonnes. Le client est devenu une sorte de vache à lait qu’il faut traire au maximum….et jeter s’il n’est pas assez rentable. Le bon client n’est pas celui qui gère prudemment son compte, sans découverts ni incidents, mais celui qui accumule les pénalités, emprunte de façon déraisonnable, et souscrit aveuglément à tous les produits proposés par sa banque (quand ces produits ne lui sont pas vendus de force…).

Les activités exotiques, trading, produits dérivés etc. représentent depuis quelques années et vont représenter en 2009 une part très importantes des profits redevenus considérables des banques…L’affaire Kerviel est encore d’actualité. Et le sauvetage d’AIG par l’Etat Américain a évité des pertes de plusieurs dizaines de milliard d’euros aux grandes banques françaises, empêtrées dans des CDS ou autres produits titrisés.

Une partie de ces produits dérivés est bien sûr utile à l’industrie ou aux investisseurs, en leur permettant de s’assurer contre certains risques (de change, de hausse de taux, d’inflation etc.). Mais les produits dérivés « utiles « sont très probablement minoritaires par rapport à ceux qui ne servent qu’à encaisser des commissions ou bénéficier d’arbitrages techniques.

Les banques françaises ont sollicité avec insistance, comme leurs consœurs Anglo-Saxonnes, l’aide de l’état, pour les sortir d’une situation ou leur imprudence et leur avidité les avaient conduites.Comme leurs consœurs Anglo-Saxonnes, la majorité des banques françaises semblent essentiellement motivées par l’appât du gain à court terme, par l’extraction d’une rente maximum des entreprises ou des particuliers. Elles empilent comme elles les commissions, elles prennent comme elle des risques indus, leurs profits et les rémunérations sont, comme outre atlantique, exorbitantes par rapport à leur utilité économique et sociale…Sans aller aussi loin dans l’excès, et étant parfois plus rigoureuses, comme BNP Paribas, elles suivent cependant le même modèle. Ainsi, des fournées de Centraliens, de Normaliens ou de Polytechniciens s’engouffrent dans le trading par seul appâts du gain immédiat au lieu de rallier l’industrie : ce n’est pas vraiment une bonne nouvelle pour la France…

Il faut donc balayer devant notre porte.

Or pour l’instant ton gouvernement français semble plus enclin, par aveuglement ou par réseautage, à ne rien faire. Quand un député propose un impôt supplémentaire de 10% des profits des banques, Madame Lagarde vole à leur rescousse. Quand on propose de limiter certains salaires absurdes, la vielle antienne « nous allons perdre les meilleurs » est chantée en chœur. Le gouvernement enterre la class action à la française, seule capable de constituer un contrepouvoir au pouvoir des particuliers par rapport aux banques. Une loi sur la faillite personnelle à l’Alsacienne ou à l’Américaine, seule capable de forcer les banques à la prudence et à éviter l’extorsion, est enterrée sous la pression amicale des banques. Quand l’assemblée a évoqué l’interdiction de la publicité pour les crédits revolving, le gouvernement monte au créneau pour la maintenir.

Après avoir plié l’échine sous les remontrances, et avoir calmé la colère présidentielle par des promesses et ou des déclarations d’intention, les banques ont repris le « business as usual ». Et leur voix porte plus dans les couloirs des ministères, de l’assemblée, du Sénat, ou même de l’Elysée, que celle de l’intérêt général.

Même les Anglo-Saxons ont parfois montré plus de fermeté que la France : Royal Bank of Scotland a été nationalisée à 70% et l’état anglais y bloque tous les bonus malgré les glapissements de la City. En France, la montagne des déclarations fracassantes du type « on va mater ces banquiers irresponsables » a accouché d’une souris de mesures médiatique de principe.

Oui il y a un besoin criant de réformer le système financier et bancaire. Et si on commençait en France, pour donner réellement l’exemple en montrant courage et détermination au service de l’intérêt de l’économie. La seule chose que les Chinois n’ont pas importé c’est d’ailleurs notre système financier. Je crois qu’ils ont compris qu’il était destructeur de valeur et de compétitivité. Ils préfèrent nous laisse nous engluer dans la finance pendant qu’ils deviennent les rois de l’industrie…

Les banques ne sont pas coupables. Légitimement, elles maximisent leur profit dans le cadre des règles qui leur sont données par l’état. Mais c’est justement à l’état, sans se laisser influencer par leurs sirènes biaisées, de fixer les règles qui permettront de faire converger leur comportement et l’intérêt général…

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