mercredi 19 novembre 2008

Crise et marchands de désespoir

Les fabricants d’armes sont des marchands de mort. Les opérateurs de loteries sont des marchands d’espoir. Les organismes de crédit à la consommation sont des marchands de désespoir.
La crise économique très dure que nous sommes en train de vivre a été déclenchée par des intermédiaires ou des banques poussant des ménages américains pauvres à emprunter pour acheter des biens immobiliers, en leur faisant miroiter des plus values futures et en repoussant à deux ou trois ans le paiement des intérêts ou le remboursement de la dette. C’est une crise du surendettement provoquée délibérément. La titrisation de ces « prêts pourris » ou subprimes a permis de diffuser le cancer dans le monde entier.
Alors que nous sommes officiellement entrés en récession, que la baisse du pouvoir d’achat se propage et que le spectre du chômage renaît, des organismes de crédit à la consommation, loin de tirer les leçons de la bulle des subprimes, cherchent au contraire à exploiter les difficultés des classes moyennes inférieures pour fabriquer des profits à court terme, recréant ainsi une bulle financière avec comme dommage collatéral le stress voire le désespoir de millions de ménages, dans toute l’Europe.
Que ce soit à travers des pop up sur Internet ou par mail, voir par des appels téléphoniques systématiques, les ménages sont agressés de propositions de prêts alléchantes des Cofidis, Cetelem ou autres Cofinoga. Il ne s’agit pas d’être à la disposition de ménages ayant une difficulté temporaire. Il s’agit d’un démarchage actif, voire agressif, poussant les ménages à s’endetter envers ces organismes à des taux quasi-usuraires.
J’ai par exemple reçu récemment un mailing de Cofinoga, filiale de crédit à la consommation d’une grand banque : « retirez des espèces avec votre Carte Cofinoga » (oui, mais ces retraits gonfleront votre dette), « faites vos achats avec votre carte et réglez en 2009 » , « bientôt Noël achetez malin » ( à crédit bien sûr),« demande financement express de 1000 euros » etc. Le tout à des taux d’intérêt généralement supérieurs à 20% !!!
J’imagine une femme seule avec un enfant ayant un total de crédit revolving sur différentes cartes de crédit de 20 000 euros (ces cartes se sont multipliées, notamment les cartes dites co-brandées, entre un organisme et une entreprise, la dernière en date étant celle de Total).
A 20% d’intérêt elle doit payer chaque mois 350 euros d’intérêt seul, sans parler du remboursement du principal. Si elle gagne 1500 euros net par mois, ce qui est dans la moyenne, et s’il il lui reste 700 euros par mois après avoir payé l’essentiel : loyer, transport, alimentation de base, la moitié de son revenu « discrétionnaire » ira payer des intérêts sur ses crédits.
Le crédit n’est pas mauvais en soi. Il permet d’avancer la consommation et donc la gratification dans le temps, par exemple lorsqu’on achète un téléviseur écran plat à crédit. Mais deux choses le pervertissent : pousser les consommateurs à l’utiliser de façon irresponsable, comme les subprimes ou les crédits à la consommation, et des taux d’intérêts quasi-usuraires (plus de 20%).
Les organismes de crédit à la consommation surfent sur les difficultés économiques en promettant une gratification immédiate tout en occultant la douleur future du paiement des intérêts et des remboursements. Au moindre retard, les relances deviennent brutales et surtout payantes, si bien que le ménage en difficultés s’enfonce de plus en plus dans un trou noir, désarmé face à des entreprises géantes capables de mobiliser huissiers et de financer des actions en justice. Les organismes de crédit donnent leurs créances à recouvrer à des officines payées à la commission sur les sommes recouvrées ou vendent même leurs créances à des sociétés spécialisées dans le recouvrement musclé, comme l’a montré une émission récente de la BBC qui s’attaque avec courage à des problèmes de société….
Les ménages que ces organismes ont poussé à se sur endetter basculent dans la dure réalité après un rêve bref. Le crédit à la consommation est en effet comme une drogue : un plaisir fugace, des séquelles pénibles et une accoutumance dramatique. Se débattant avec les relances des sociétés de recouvrements, jonglant pour payer intérêt ou principal, réempruntant pour payer les intérêts précédents, le ménage surendetté, même s’il arrive à payer (le taux de non-paiement est inférieur à 2%) vit un véritable calvaire, une pression et des difficultés permanentes, une vie d’angoisse et de privations…Les organismes de crédit à la consommation sont ainsi des marchands de désespoirs : si le taux de non remboursement est faible, le taux de désespoir est élevé et concerne potentiellement plusieurs millions de ménages (10%, 20%, 30% des emprunteurs ?).
La récession qui commence, en accusant les difficultés de millions de ménages, rendra encore plus séduisantes les sirènes des organismes de crédit, dont les profits seront à la mesure de la crise, et dont les dommages collatéraux exacerberont les effets de cette crise. Une augmentation du taux de défaut sera absorbable par leurs surprofits, qui ne seront en revanche pas pénalisés par le taux élevé de désespoir des ménages. Une interdiction formelle de démarchage et de publicité, et un plafond d’intérêt à une marge raisonnable au-delà du taux de base (aucun prêt ne devrait pouvoir être fait à plus de 10%) sont des remèdes possibles.

C’est l’intérêt de tous de réguler ces organismes de crédit à la consommation : trop d’inquiétude, de stress, ou de désespoir pourraient en effet transformer une crise économique en crise sociale.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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