samedi 19 avril 2008

Crise alimentaire et lutte des classes : l’agriculture meta industrielle contre l’agriculture raisonnée.

La crise alimentaire est le résultat d’une lutte des classes entre entreprises. D’un côté, les géants mondiaux de l’agroalimentaire : production, transformation, transport, stockage. De l’autre, des PMI : les petites exploitations agricole. Tout paysan est en un entrepreneur, toute ferme une entreprise.
Les grandes entreprises agroalimentaires ont appliqué un modèle industriel à l’agriculture : culture de grandes surfaces, utilisation intensive d’engrais et de produits phytosanitaires, ruée sur les OGM, transformation aval permettant de pratiquer des prix élevés, flux logistiques massifs, utilisation de la grande distribution pour commercialiser les produits, mondialisation des flux. Elles sont les premières bénéficiaires des très substantielles subventions et aides à l’exportation consenties par les Etats-Unis et l’Europe : le coton, le blé, le soja, le maïs, et même parfois les bovins ou les ovins sont largement « aidés ». Ces grandes entreprises font partie d’un système intégré, très lourdement consommateur d’énergie, très rentable, très puissant en terme de lobbying, comme l’a montré l’exemple des OGM de Monsanto.
En face, les petits artisans de l’agriculture : polyculture vivrières dans les pays émergents, agriculteurs de taille moyenne en Europe. Ceux-là ne récupèrent que des miettes de subventions, sont poussés par le système vers un modèle industriel intenable, et surtout subissent de plein fouet la concurrence des géants : les poulets subventionnés surgelés de batterie des grandes entreprises françaises viennent « casser » le marché des poulets africains et « sortent » les petits agriculteurs du marché. Dans beaucoup de villes moyennes françaises, des agriculteurs produisent fruits ou légumes localement, mais on trouve dans l’hypermarché ou le supermarché du coin les même fruits et légumes venus d’Espagne, sans saveur et sans odeur, mais en apparence équivalents, vendus en dessous de leur coût de production. Des tomates produites en Andalousie hors sol, en pillant une nappe phréatique moribonde, subventionnées, employant des immigrés traités comme des esclaves, transportées par des norias de camions pollueurs, viennent casser le marché des agriculteurs locaux…


La lutte des classes entre agriculture meta industrielle et agriculture raisonnée est en passe d’être gagnée par la première. Ne cherchons pas d’autres causes à la crise alimentaire actuelle. Le tissu d’entreprises agricoles moyennes a été en partie détruit par l’agriculture meta-industrielle ou réorienté vers des cultures d’exportation. La polyculture permettant une auto suffisance locale a été éradiquée. L’exode rural a déplacé vers les bidonville de Lagos ou d’Accra les petits paysans. Pendant ce temps, l’agriculture meta industrielle était réorientée vers la production d’énergie (biofuels) par des états inquiets de la pénurie et des prix du pétrole. Toutes les conditions étaient réunies pour que quelques chocs locaux (sécheresse en Anstralie fortement exportatrice vers l’Asie, transferts accélérés de productions vers les biofuels aux Etats-Unis et au Brésil) créent une pénurie planétaire, en l’absence des amortisseurs que représentaient les exploitation agricoles diversifiées et locales. La lutte des classes a vu la victoire des géants et l’envolée des prix…

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